Le 20 mars marquait l’équinoxe du printemps. Et le 28 se déroulera Holi, le festival des couleurs en Inde. En cette douce période, prenons le temps pour nous reconnecter à la nature qui s’éveille. Ma collection teinte avec des plantes est une ode à la vie et nous invite justement à honorer sa beauté.
En tant qu’artisane en couleurs naturelles, je suis passionnée par les plantes et les vertus qu’elles nous offrent. A travers la marque, j’approfondis mes connaissances dans l’idée de créer un pont entre textile, artisanat, plantes et bien-être. Pour cela, j’aime rencontrer des personnes qui travaillent main dans la main avec les plantes de diverses manières. Voici l’histoire de Pauline des Herbes Libres, paysanne-herboriste installée en Seine-et-Marne (département où je vis aussi) avec qui je collaborerai dans les mois prochains. Dans une seconde partie, je vous parlerai en détail de ce qui sera proposé pour cette collaboration. J’espère que ça vous plaira.
Pauline, auparavant guide-conférencière à Paris, s’est reconvertie dans la production et la vente de plantes aromatiques et médicinales. En 2013, elle entame sa reconversion professionnelle. Finies la routine boulot, métro, dodo et la vie parisienne qui l’ennuyaient ! Elle décide d’explorer d’autres horizons en allant faire du wwoofing, expérimenter la fabrication de pains, la culture du miel ou de légumes dans la Loire-Atlantique. Le point commun entre toutes ces expériences : le retour vers la terre et le travail artisanal qui font vibrer son cœur.
Depuis toute petite, elle baigne dans les plantes médicinales, un savoir transmis par sa grand-mère. Grâce à elle, elle sait reconnaître les plantes sauvages et les utiliser au quotidien pour se soigner ou cuisiner. Après diverses expériences agricoles, c’est donc tout naturellement qu’elle s’oriente vers cette voie : devenir paysanne-herboriste.
Concrètement, qu’est-ce qu’un paysan-herboriste ? Il s’occupe de (source Produire bio) :
- la culture, la cueillette et la transformation des plantes aromatiques, médicinales ou tinctoriales,
- la commercialisation en vente directe ou circuit-court des produits élaborés à la ferme,
- l’information et éventuellement le conseil aux utilisateurs sur les propriétés et usages traditionnels, comprenant les précautions d’emploi, de ces plantes et produits transformés à base de plantes.
Mais depuis 1941, il n’y a plus de diplôme d’État et d’enseignement public de l’herboristerie. Aujourd’hui, on peut encore apprendre à reconnaître et à utiliser les plantes dans quelques écoles privées très chères. Quelques herboristeries existent encore mais elles n’ont ni l’autorisation de nous conseiller ni de nous prescrire des plantes. Seuls les pharmaciens et les médecins sont reconnus pour le faire.
Du coup, le savoir se perd peu à peu. Les paysans-herboristes, réunis dans la Fédération des paysans-herboristes se battent pour faire reconnaître le métier légalement et supprimer le monopole qu’ont les pharmaciens et les médecins sur les plantes médicinales (bien qu’ils les étudient très peu en formation en réalité…). Soutenons ces paysans-herboristes et ce savoir ancestral pour la sauvegarde des plantes et pour une santé au naturel pour tous !
Pauline se forme alors en aromathérapie à l’École des Plantes de Paris. Elle suit ensuite la formation de Christophe de Hody, naturopathe et fondateur du Chemin de la Nature pour compléter ses connaissances en herboristerie.
Après ce temps de formation, elle se lança dans la préparation et la vente de tisanes à partir de plantes achetées en vrac chez des producteurs. Cela lui permit de tester son activité et de créer son réseau de clients et de contacts professionnels.
En créant ces liens, elle rencontre d’autres jeunes agriculteurs qui souhaitent comme elle s’installer dans une ferme en Ile-de-France. Ensemble, ils trouvent l’endroit parfait en Seine-et-Marne à Liverdy-en-Brie et se partagent une ferme de 140 hectares, biologique depuis 20 ans. A eux 6, ils forment une petite communauté agricole (une éleveuse de brebis, deux maraîchers, un boulanger-paysan et un céréalier biologique) s’entraidant mutuellement et partageant leurs savoir-faire. Janvier 2020, elle loue enfin une parcelle de 5000 m2 où elle cultive ses premières plantes aromatiques et médicinales.
Sauge, souci, aneth, mauve et bien d’autres encore lui permettent de produire de nombreux produits à base de plantes fraîches ou sèches : tisanes, sirops aromatisés, pestos sauvages ou encore sels aux herbes. Suivant la méthode Simples transmise par ses formateurs, elle les cueille à la main sans aide mécanisée, sans pesticides afin de garantir une qualité irréprochable. Pour compléter, elle pratique aussi la cueillette sauvage comme pour l’achillée millefeuille, le coquelicot ou l’ortie. Elle souhaite dans l’avenir, se former à la production locale du safran, une épice précieuse qui demande un savoir-faire très spécifique.
Cette dimension humaine et artisanale lui plaît particulièrement. Connaître et travailler ses produits de A à Z lui donnent une grande fierté qui se transmet dans ce qu’elle crée. Pour les clients, c’est une traçabilité et une transparence sur toute la chaîne de production leur garantissant des plantes de qualité. Actuellement en agriculture biologique (AB), elle souhaite se labelliser Nature & Progrès, un label à dimension humaine et locale ne tolérant aucun OGM contrairement au label AB.
Ce qui m’a particulièrement plu chez Pauline, ce sont les ateliers qu’elle propose. Elle aime transmettre et partager ses connaissances afin de sensibiliser le public à la valorisation des plantes et des savoirs d’autrefois. On voit actuellement un regain d’intérêt pour les plantes médicinales. Mais plus qu’une tendance, c’est une nécessité de transparence, de consommer mieux et de prendre soin de nous naturellement qui se joue.
Elle anime des ateliers autour de thèmes spécifiques comme “Les plantes pour le cycle féminin”. En effet, Pauline a concocté sa propre trousse de soins à base de plantes pour une contraception au naturel. A travers son expérience, elle partage les plantes qui nous aident à mieux réguler notre cycle féminin, calmer les douleurs de façon naturelle, ainsi reprendre notre souveraineté sur notre corps. La sauge officinale, l’ortie ou bien l’achillée millefeuille sont des exemples de plantes traditionnellement utilisées à cet effet.
Si ce sujet vous intéresse, je vous invite vivement à assister à un de ses ateliers. Elle en fait régulièrement à Paris ou même à domicile (toutes ses actualités à suivre sur son site ou son Facebook). Vous pouvez la contacter directement pour en savoir plus.
Où la trouver ? Elle participe au marché paysan de Montreuil deux fois par mois et vend auprès d’AMAPS. Elle travaille aussi avec des professionnels comme la fromagerie Platini à Vincennes. Allez sur son site pour connaître tous les détails ou commander par mail. Sa ferme est ouverte aux visites. Elle se fera un plaisir de vous montrer sa parcelle et de vous expliquer son travail.
Crédits photos : Pauline Isambert